
Lorsque l’on parle de préparation mentale, la première image qui vient à l’esprit est la préparation mentale des sportifs. Image renforcée par les médias qui parlent de préparateurs mentaux, de « coaches » sans que le public ne sache vraiment ce qui se cache derrière ces appellations.
Lorsque l’on s’intéresse à sa définition, on apprend qu’elle « est un apprentissage d’habiletés mentales et d’habiletés cognitives dont le but principal est d’optimiser la performance personnelle de l’athlète tout en promouvant le plaisir de la pratique et en favorisant l’atteinte de l’autonomie »[1]. La préparation mentale consiste donc à travailler les habiletés cognitives (gestion des émotions, concentration, confiance en soi…) et mentales (imagerie, discours interne, capacité à se relaxer…) du sportif. L’imagerie mentale peut être ici rapprochée de ce que nous appelons la suggestion mentale en sophrologie. En effet, selon Taylor et Shawn[2], l’imagerie mentale doit être fondée sur des images mentales positives, c’est-à-dire que le sportif doit s’imaginer effectuer le mouvement avec succès, pour cela le contenu de l’image doit être en faveur de la réussite et des résultats tels que gagner ou se fonder sur des situations rappelant à l’athlète un moment de confiance et succès. En sophrologie, la suggestion mentale permet « la visualisation positive d’images, de souvenirs ou de situations futures afin de créer ou de se remémorer des ressentis agréables »[3].
C’est en faisant appel à la mémoire des résultats antérieurs (notamment lorsque ceux-ci sont bons), à l’interprétation des résultats antérieurs (c’est-à-dire les attributions causales), à la stimulation mentale des actions susceptibles de conduire au résultat, et aux croyances d’efficacité personnelle que le préparateur permet au sportif de développer la confiance en soi.
Les éléments développés dans la préparation mentale du sportif sont des éléments clés de toute préparation mentale. Et celle-ci n’est pas réservée aux seuls sportifs. Je souhaite revenir plus spécifiquement sur la croyance d’efficacité personnelle qui doit être travaillée. Cette notion a été développée par Albert Bandura[4] sous le terme de sentiment d’efficacité personnelle et repose sur quatre éléments sources :
- L’expérience active de maîtrise est une des sources les plus influentes sur la croyance en l’efficacité personnelle car elle est fondée sur la maîtrise personnelle des tâches à effectuer. Plus un individu vivra un succès lors de l’expérimentation d’un comportement donné, plus il sera amené à croire en ses capacités personnelles pour accomplir le comportement demandé. Le succès, lorsqu’il n’est pas trop facile, renforce la croyance en l’efficacité personnelle alors que les échecs réduisent ce sentiment.
- L’expérience vicariante ou l’expérience indirecte consiste en un apprentissage qui repose sur le phénomène des comparaisons sociales, c’est-à-dire sur l’observation. Le fait d’observer des pairs vivre sans controverse une situation jugée préalablement conflictuelle peut influencer et renforcer la propre croyance des observateurs en leurs capacités de réussir. Au contraire, l’observation de l’échec d’un pair peut remettre en doute sa propre efficacité.
- La persuasion verbale signifie qu’à travers des suggestions, des avertissements, des conseils et des interrogations, les participants peuvent être amenés vers la croyance qu’ils possèdent le potentiel pour effectuer avec succès le comportement qui, autrefois, les embarrassait. Les croyances générées de cette façon sont d’ampleur plutôt faible lorsqu’elles sont utilisées seules, compte tenu du fait que les participants ne sont pas amenés à vivre une expérience. De plus, les résultats peuvent être influencés par des facteurs tels que l’expertise, la crédibilité et l’attrait exercé par la personne ressource.
- Les états physiologiques et émotionnels jouent un rôle dans le sentiment d’efficacité personnelle. Lorsqu’une personne associe un état émotionnel aversif tel que l’anxiété avec une faible performance du comportement demandé, cela peut l’amener à douter de ses compétences personnelles pour accomplir ce comportement et ainsi conduire à l’échec. Par contre, les individus seront plus enclins à croire au succès s’ils ne sont pas gênés par un état aversif.
Une personne ayant un haut sentiment d’efficacité personnelle sera plus apte à faire face aux difficultés, relèvera les défis qui se présentent à elle. A contrario, une personne ayant un faible sentiment d’efficacité personnelle se laissera facilement déstabiliser par ses doutes et se limitera dans ses capacités. Elle pourra aller jusqu’à se mettre en situation d’échec[5].
Une préparation mentale, en travaillant les quatre éléments du sentiment d’efficacité personnelle, et en utilisant la suggestion mentale grâce aux visualisations positives, met les personnes dans une situation favorisant leur confiance en elles et en leurs capacités.
La confiance en soi a un impact réel sur la performance. Elle provoque tout d’abord des émotions positives se manifestant par un calme et une détente relatifs malgré la pression (inversement un manque de confiance déclenche des émotions négatives telles que l’anxiété et la peur). La confiance favorise la concentration et augmente l’effort et la persévérance.
Cette confiance en soi peut être ébranlée par le stress. Le stress, quasiment incontournable voire nécessaire dans certaines situations, doit être maîtrisé afin de ne pas bloquer la personne dans l’atteinte de son objectif ou afin de ne pas devenir chronique. Le stress (issu par l’anglais de l’ancien français destresse) est, en biologie, l’ensemble des réponses d’un organisme soumis à des pressions ou contraintes de la part de son environnement. Ces réponses dépendent toujours de la perception qu’a l’individu des pressions qu’il ressent. Les manifestations du stress sur le long terme s’avèrent néfastes pour l’organisme. Il est donc indispensable de savoir faire face à ce stress pour préserver sa santé. Toutes les personnes ne sont pas égales face au stress, certaines y font mieux face que d’autres. Le cumul de situations stressantes peut également modifier la capacité de résistance de la personne.
Les situations de changement (personnel ou professionnel) sont génératrices de stress, la préparation d’un examen peut causer chez certaines personnes un niveau de stress allant croissant au fur et à mesure que l’échéance approche. Il est donc important parallèlement aux apprentissages nécessaires à la présentation à un examen de savoir gérer les manifestations du stress pour ne pas se sentir paralysé par celui-ci le jour de l’examen.
Dans cet objectif la sophrologie se révèle une technique efficace. La préparation mentale va permettre de développer le sentiment d’auto-efficacité personnelle, de travailler la confiance en soi grâce à la prise de conscience de son potentiel et ainsi de gérer le stress. L’idéal est qu’une préparation mentale commence suffisamment tôt pour que l’accompagnement se termine une quinzaine de jours avant l’échéance d’où l’intérêt d’une préparation mentale commencée idéalement 3 mois avant l’examen.
Pour la troisième année consécutive, je vais accompagner un groupe de candidats au CAP Petite enfance pour préparer leur examen. Vous pouvez bien entendu me contacter si vous avez des questions.
[1] Jean Fournier, Dr en Psychologie du Sport, actuel Directeur scientifique de l’Institut National du sport du Québec et ancien consultant en Psychologie du sport de la Fédération Française de Golf.
[2] Taylor, J.A., & Shawn, D.F. (2002). The effects of outcome imagery on golf-putting performance. Journal of Sport Sciences, 20, 607-613
[3] Aliotta, C. (2014). Manuel de Sophrologie. Fondements, concepts et pratique du métier. InterEditions, p.14
[4] Bandera, A. (2007). Auto-efficacité : le sentiment d’efficacité personnelle. Editions De Boeck Université
[5] Lecomte, J. (2004). Les applications du sentiment d’efficacité personnelle. Savoirs Hors série, L’Harmattan, 59-90
[6] Weinberg, R.S., & Gould, D. (1995). Foundations of sports and exercice psychology. Champaign, IL : Human Kinetics.